Grandes Charpentes en noir et en lumières saturées. Patrick Burban se réalise au travers de cheminements poétiques débouchant, au détour d’une question, sur de patientes prises de possession en photographies pour dire cette scrupuleuse lueur aux murs martelés d’encre sombre.
Temps suspendu lorsqu’un fin cordon de cruauté sourde s’élance dans l’air cristallin. Théâtre minimal du frisson et de la solitude. Qu’est-ce qui s’allume, blanc comme cendre lorsqu’on écrit noir sur noir au bout du couloir ?
Les forces telluriques qui se manifestent en argentique déployées sur la vaste beauté des lieux. Cartographies croisées des escaliers lentement décousus, douce saveur et confidence.
Cartons d’emballages peints d’éclairs noirs et blancs et poétiquement habités comme les tipis de l’enfance.
Rentrer dans le ventre de la baleine tout comme Jonas, se sentir protégé des violences extérieures comme dans une coque.
Les mêmes charpentiers ont pu construire des bateaux et la charpente d’une église où l’on reconnaît encore la structure et l’ambiance de la forêt à travers les photos démultipliées, on peut encore retrouver le soupir et l’instant du vieil arbre.
Dans les constructions et les charpentes la lumière se glisse, s’insinue, par des « nervures ouvertes » selon la formule de Paul Celan.
L’éclairement d’un balancement tangue lentement sur le ponton de ciment reconstitué en miniature.
Libations pas encore faites, duvets picottants des oiseaux morts sur les routes de l’été. La piste est vide pour la frêle effigie encore un instant dans la sciure et la poussière.
Scénographies Miniatures avec de petites dispositions d’objets fabriqués pour l’occasion et inspirés d’éléments réels comme des mini-charpentes recouvertes de poussière.
Patrick Burban retrouve des alignements, structures inspirées de l’univers maritime articulées avec des gravures inspirées de la cosmogonie Navajo, elles-mêmes retravaillées à la manière d’un Tapies...
Les cranes d’oiseaux secs et contrastés, les feuilles se défroissent, mille, les ailes dépliées, sereines et délavées.
D’impressionnants poissons momifiés vont rejoindre la collection d’oiseaux morts rangés par trois selon une combinatoire sophistiquée, les lézards en revanche lui échappent, filant à toute allure sur les pierres chaudes et les rochers peints eux aussi d’étranges signes Navajos.
La lumière neuve et blanche, sentinelle debout qui fraye son chemin dans les poutres si noires. Encore pour dire le ressac, l’évocation répétée de l’Océan.
L’odeur des marais salants, le froissement des tôles sous le vent insistant des oiseaux fatigués, l’âme vagabonde, cassée dans l’élan de son bel effroi.
Moudre l’or pour dire le tintement de la disparition, éperons saturés grincements des poutres trop chaudes.
Vestibule de la pinède et cet oiseau menu. La mer agitée, soudain très présente, et cet oiseau menu qui attends, incliné, la récompense de l’invisible.
Dans une aube à pleurer d’écume et de promesses, pirates embusqués derrière la croix de lierre : lire le recueil des embruns.
Grotte de feuilles où le soleil se débat, voilà les crépitements secs du gravier en une étrange et croissante chorale.
Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier hante parfois ces lieux magiques, dès qu’il fait suffisamment gris, autour de la maison brûlée, tremblant sous quelque Vésuve.
Menhir albinos entouré de Pelotes de Réjections, chevaux de frise dans la chambre des portiques, la mort du Martin-pécheur dans son mini bunker, les cuves à vin où la lumière bave, tellement ivre.
Dorées et noircies à la faveur du soleil et de la terre, les croix, les sanctuaires, les pierres qui se frôlent, le lichen qui épouse le granit, pour reprendre et réciter les prophéties anciennes jamais totalement enfouies.